Malte : Une semaine au carrefour de deux continents
Archipel de huit îles baigné par la Méditerranée, Malte constitue le point de rencontre entre l’Europe et l’Afrique. Son histoire s’entremêle intimement avec celle de la Tunisie. Par conséquent, certaines similarités frappent entre les deux civilisations. Une semaine ne suffit guère à découvrir toutes les merveilles de ce pays, mais c’est ainsi que notre voyage s’est déroulé.
Exploration du nord de l’île de Malte
Jour 1 : Sliema et La Valette, entre modernité et patrimoine
Notre aventure commence à Sliema, la principale station balnéaire de Malte. Au cours des dernières années, cette ville dynamique s’est transformée. Des villas modernes côtoient désormais les appartements contemporains et les hôtels luxueux. Les visiteurs profitent du shopping dans les centres commerciaux et savourent la cuisine typique maltaise dans des restaurants variés.

De nombreuses activités s’offrent aux amateurs de plage et de détente. Les sports nautiques, notamment la plongée en apnée, séduisent les aventuriers. La promenade côtière s’étend sur plusieurs kilomètres, de Saint Julian’s Bay à Gzira. Elle attire les joggeurs et les amoureux de la marche.
Direction ensuite La Valette, capitale du pays et patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette cité porte le nom de son fondateur, le respecté Grand Maître de l’Ordre de Saint Jean, Jean Parisot de la Valette. La magnifique ville forteresse s’élève sur les rochers arides de la péninsule de Mont Sceberras. Elle surplombe de manière abrupte deux ports importants : Marsamxett et le Grand Port.
L’histoire fascinante de La Valette
La construction de La Valette débute en 1566 et se termine après une durée étonnamment courte de 15 ans. Les bâtisseurs érigent alors des bastions impressionnants, des forts et une cathédrale majestueuse. La ville s’anime durant la journée, tout en gardant une atmosphère intemporelle. Son quadrillage de rues étroites abrite quelques-unes des plus belles œuvres d’art d’Europe, des églises et des palais remarquables.

La Valette propose un vaste programme culturel. En marchant, vous découvrez d’intrigants sites historiques à chaque coin de rue : statues votives, niches, fontaines et blasons ornent les parapets. Les ruelles étroites regorgent de boutiques pittoresques et de cafés accueillants. En parallèle, les artères principales proposent de grands magasins de marques internationales : mode, musique, bijouteries et bien plus.
Le musée national de la guerre : témoin de l’histoire
Nous visitons le célèbre musée national de la guerre. Il raconte l’histoire des événements qui conduisent aux deux guerres mondiales, leur développement et les principales actions ainsi que leurs conséquences, localement et à l’étranger. Le musée accorde une attention particulière au rôle de Malte dans le théâtre de guerre et à la contribution de la population maltaise à l’effort de guerre, notamment durant les conditions incroyablement difficiles de 1942.
L’exposition révèle le rôle de Malte comme forteresse depuis 1798, en se concentrant principalement sur la Seconde Guerre mondiale. De nombreux panneaux photographiques s’affichent avec des pièces d’artillerie, des épaves d’avions, des uniformes et autres souvenirs militaires.
Casa Rocca Piccola : quatre siècles d’histoire familiale
En parcourant les rues de La Valette, nous remarquons une incroyable villa vieille de plus de 400 ans : Casa Rocca Piccola. Un Chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, Don Pietro La Rocca, la fait construire au 16ème siècle. Le premier Marquis de Piro la rachète par la suite. Sa famille habite toujours les lieux.

Neuf générations de la famille ont vécu dans cette demeure. Chacune a ajouté ses objets, ses tableaux, ses photographies. Seule une moitié de la demeure s’ouvre au public et abrite une collection importante d’œuvres d’art et d’antiquités. S’y ajoutent différents objets qui révèlent diverses histoires familiales au fil des ans.
Douze pièces somptueuses, restées presque intactes au cours de l’histoire, illustrent les différentes facettes de cette demeure qui continue de vivre avec son temps. Un complexe de citernes transformées en abris anti-bombardement pendant la seconde guerre mondiale complète la visite. La valeur de Casa Rocca Piccola réside dans sa capacité à fournir des preuves historiques uniques sur les coutumes et traditions de la noblesse maltaise durant les 400 dernières années.
Jour 2 : Mdina, Rabat et Golden Bay
Après l’émerveillement du premier jour, nous poursuivons notre découverte. Un tour en calèche nous fait visiter Mdina. Cette ville a porté différents noms et titres selon ses dirigeants et son rôle, mais c’est son nom moyenâgeux qui la décrit le mieux : « Citta Notabile », la ville noble.

L’histoire de Mdina remonte à plus de 4000 ans. Cette cité revendique les origines de la chrétienté maltaise. C’est ici qu’en 60 avant J.-C., l’apôtre Saint Paul aurait vécu après s’être échoué sur l’archipel. Éclairée la nuit et surnommée la « ville silencieuse », Mdina fascine par son atmosphère intemporelle et ses trésors culturels et religieux.
Rabat : heritage romain et traditions religieuses
Nous continuons vers Rabat, qui joue un rôle majeur dans le passé de Malte et constitue une source principale de son patrimoine culturel. Ce grand canton provincial faisait partie de la ville romaine de Melita. Les sites et reliques archéologiques témoignent de l’importance de cette ville durant la période romaine.

Pendant des siècles, des ordres religieux se sont installés à Rabat. Les franciscains, les dominicains et les augustiniens demeurent encore présents en nombre dans leurs couvents et monastères spacieux. Ils pourvoient aux besoins religieux des paroissiens dans leurs églises. Les cartes touristiques mentionnent facilement Rabat grâce à ses sites historiques et archéologiques : la Maison Romaine, les Catacombes, la Grotte de Saint Paul et les belles églises et monastères.
Notre journée se termine par une baignade dans la magnifique plage de Golden Bay, l’une des meilleures plages de sable de Malte.
Exploration du sud de l’île de Malte
Jour 3 : Temples Tarxiens et Marsaxlokk
Notre premier arrêt nous mène aux temples Tarxiens, complexe de quatre édifices religieux remontant à la fin de la période néolithique et au début de l’âge du Bronze. Ce site figure évidemment au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Nous poursuivons notre balade vers Marsaxlokk, un village de pêcheurs réputé pour ses bateaux colorés et l’ambiance typiquement méditerranéenne de son marché local. Le port de Marsaxlokk constitue le plus grand port de pêche de Malte.

Découverte linguistique surprenante
C’est ici que nous découvrons avec stupéfaction la ressemblance de la langue maltaise avec le dialecte tunisien ! Le maltais constitue une langue d’origine sémitique écrite en caractères latins. Elle mélange anglais, arabe et italien. C’est la langue officielle de Malte, aux côtés de l’anglais.
Quelques mots en maltais :
- « wieħed tnejn tlieta erba » : un, deux, trois, quatre
- « merħba » : Bienvenue
- « imħabba » : Amour
- « Flus » : Argent
- « Suq » : Marché
Une pancarte aperçue dans la rue : « jkun responsabbli għall-ambjent tagħna, tindif wara l-kelb tiegħek » (Soyez responsables de notre environnement, nettoyez après votre chien). Espérons voir cette même pancarte en Tunisie un jour !
Jour 4 : Blue Grotto et réflexions sur l’hospitalité
L’hospitalité des habitants et leur amabilité nous font sentir comme dans notre propre pays, non comme des touristes de passage. Leur niveau de civilisation et leur mode de vie incarnent la définition même de l’excellence. Malte, qui ne vit que du tourisme, donne une leçon aux plus grands pays du monde sur la façon de valoriser sa nation et d’offrir le meilleur à ses citoyens.
Direction maintenant Blue Grotto. L’emplacement de cette grotte naturelle fascinante se combine avec la lumière du soleil et l’ensemble des grottes environnantes. Elles reflètent les couleurs phosphorescentes de la flore submergée et la teinte bleu intense de la mer. Le site attire quelque 100 000 touristes par an et a même figuré dans le film Troy (2004) avec Brad Pitt.
Aventure à Gozo
Jour 5 : L’île sœur authentique
Nous prenons le ferry pour visiter l’île de Gozo. Dès notre arrivée au port de Mgarr, nous admirons toute la splendeur de l’île. Historiquement, cette terre a toujours différé du Malte continental. Des points de repère distincts, des traditions spécifiques, des événements particuliers et une topographie unique distinguent l’île à l’échelle nationale et comme destination touristique.
Une densité de population plus faible et un processus d’urbanisation plus lent contribuent à l’aura caractéristique de l’île. Elle conquiert le voyageur qui cherche à se reposer.
Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, la mer reste toujours proche. Le superbe littoral de Gozo éveille fortement l’imagination : petites criques, plages de sable rouge, baies turquoise, étendues de calcaire entrecoupées de petites cuvettes salines et hautes falaises majestueuses qui plongent abruptement dans les eaux claires.
Centre créatif de Savina : traditions culinaires
Notre première visite nous conduit au centre créatif de Savina. Nous choisissons de tout découvrir : visite de l’usine de transformation des tomates, centre de produits laitiers et fabrication du fromage, ateliers d’artisans. Nous observons également des métiers traditionnels, écoutons des conférences sur les valeurs nutritionnelles de la cuisine maltaise et assistons à des cours de cuisine avec des chefs professionnels.
Les délices de Savina naissent à partir de recettes transmises de génération en génération dans la famille Magro. Des « qaghaq ta’l-Ghasel » (anneaux de miel) aux tomates séchées au soleil, du sirop de caroube au pâté, du vinaigre infusé aux différents types de chutney et sauce maison pour pâtes. Toutes ces spécialités de première classe locale sont principalement produites dans la cuisine sur place.
Cave de Calypso : légende homérique
Nous continuons vers la fameuse cave de Calypso, située dans une falaise près de Xaghra, surplombant les plages de sable de Ramla Bay. On pense que ce site correspond à celui mentionné par Homère dans « L’Odyssée ». Calypso, la belle nymphe, y gardait Ulysse comme « prisonnier de l’amour » durant sept ans. Elle lui avait promis l’immortalité s’il restait avec elle, mais il s’échappa dès que possible pour retrouver sa femme Pénélope.
L’intérieur et l’extérieur de la grotte ne frappent pas particulièrement, mais la vue magnifique sur la baie de Ramla et la vallée rendent la visite mémorable. Sur la rive, en dessous de Calypso Cave, on observe également les restes de la tour de Marsalforn, fortification construite par les chevaliers de Malte au début du dix-huitième siècle pour protéger contre les attaques maritimes.
Victoria et la Citadelle
Nous choisissons de déjeuner à Victoria, anciennement appelée Rabat, principale ville de Gozo. La Citadelle se dresse, visible depuis presque toute l’île. Elle puise ses racines dans l’époque médiévale, mais la colline abrite des établissements depuis le néolithique.
Pendant des siècles, la Citadelle sert de sanctuaire contre les attaques de corsaires barbaresques et de Sarrasins. À plusieurs reprises dans l’histoire de Gozo, ces voleurs réduisent sa population en esclavage. Après le Grand Siège de 1565, les Chevaliers entreprennent de re-fortifier la Citadelle et d’offrir un refuge défensif contre de nouvelles attaques. Jusqu’en 1637, la loi oblige la population de Gozo à passer ses nuits dans la citadelle pour sa propre sécurité. Cette restriction sera levée plus tard.
Victoria ne constitue pas seulement le centre géographique de Gozo, c’est aussi le cœur de l’activité quotidienne. Elle parvient à combiner l’agitation de ses marchés et boutiques avec une atmosphère détendue et sociable. C’est un endroit idéal pour observer les insulaires dans leur quotidien, surtout quand la place du marché principal, It-Tokk, s’anime.
Dwejra et la fenêtre d’Azur
Nous terminons notre journée à Gozo par une escapade à Dwejra. Classé réserve naturelle par l’Union Européenne, le site de Dwejra a été préservé des constructions sauvages. Il abrite la fenêtre d’Azur, arche naturelle qui ressemble à une table sur la mer. Deux rochers verticaux presque perpendiculaires soutiennent une énorme masse horizontale, résultat de vastes défauts ainsi que de l’action du vent et des vagues sur les rochers.
Elle attire un grand nombre de visiteurs et inspire de nombreux artistes qui peignent ce site magique sur toile. La fenêtre d’Azur a figuré dans les films « Le Choc des Titans » et « Le Comte de Monte-Cristo ».
Découverte de Comino
Jour 6 : Blue Lagoon, un paradis terrestre
L’île de Comino se niche entre les îles de Malte et Gozo. Cette toute petite île s’étend sur 3,5 km². Son nom dérive de la grande quantité de plantes de cumin (Comino en maltais) qui poussaient sur l’île.
Actuellement, Comino demeure pratiquement déserte, avec une population permanente de 4 personnes plus un prêtre et un policier quelques jours par semaine. La majeure partie de sa côte se compose de falaises verticales creusées de grottes et cavernes.
La célèbre plage de Comino, Blue Lagoon, constitue un vrai paradis sur terre. Les fonds sableux peu profonds et la pureté de l’eau due aux courants marins colorent la crique d’une teinte variant du bleu cyan au vert émeraude. Cette merveille attire touristes, plongeurs et plaisanciers. Nous passons la journée à nous baigner et à profiter du soleil.
Retour vers la Tunisie
Jour 7 : Des souvenirs impérissables
Nous quittons Malte le cœur lourd, avec des souvenirs gravés dans nos mémoires. C’est un pays exemplaire qui a hérité le meilleur des deux continents : l’Europe et l’Afrique. Nous espérons sincèrement que la Tunisie atteindra un jour le niveau de ce pays, en commençant par revoir entièrement la politique du tourisme tunisien.
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Originally posted 2017-06-17 16:23:53.