Je ne sais pas ce que le mot féministe évoque pour les uns et les autres. Je sais simplement qu’on ne peut pas parler d’un féminisme au singulier, mais de mouvements féministes au pluriel. Il est intéressant de noter combien plusieurs femmes sont réfractaires à l’idée même de se qualifier comme telle. Il est encore plus intéressant de voir qu’elles sont les premières gardiennes du temple patriarcal, les premières à se vanter du statut de leurs conjoints pour souligner le leur, les premières à faire de leurs fils des rois et de leurs filles… des hommes (paradoxalement).
Il ne s’agit pas ici d’une mise en accusation, mais d’un plaidoyer. Loin des idées reçues et des clichés permettez-moi de vous introduire quelques concepts développés par Mary Wollstonecraft.
M. W. de son 18e siècle, nous parle
Mais avant d’aller plus loin, il faudrait que je vous explique les raisons de ce choix. Après tout, « les auteurs et les penseurs féministes sont nombreux», me feriez-vous remarquer, à juste titre. Eh bien figurez-vous que j’ai opté pour Mary Wollstonecraft, essentiellement pour souligner la contemporanéité de ses propos, vieux de trois siècles, avec l’actualité de notre société, aujourd’hui. Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve cette comparaison ainsi que ce rapprochement anachronique, terrifiants.
I don’t wish women to have power over men but over themselves-
M.W
En 1792, avec la publication de son livre Défense des droits de la femme, Mary Wollstonecraft tire une puissante salve avant-gardiste et s’en prend directement à l’émancipation des femmes de la domesticité. Son écrit était une réponse aux penseurs des Lumières du 18 e , à l’instar de Jean-Jacques Rousseau, dont les idées éclairées semblaient confinées aux hommes. Les femmes n’étaient pas incluses. Comme si le simple fait de parler de leur émancipation était ridicule.
Elle critique l’injustice et l’incohérence de ces penseurs qui réclament la liberté des hommes tout en excluant celle des femmes. Leur soumission était « normale » car allant de soi, en réponse à l’ordre naturel des choses. Dans son ouvrage Défense des droits de la femme, elle nous explique tour à tour : « Les femmes doivent cesser de manger le pain amer de la dépendance. » et « J’ai longtemps considéré l’indépendance comme la grande bénédiction de la vie, la base de toutes les vertus. » Elle s’insurge également de cette idée trop fréquente qui fait des femmes des individus moins rationnels, moins capables de réflexions cohérentes, que les hommes:
« Au cours du souper, mon hôte me dit que j’étais une femme d’observation, car je lui posais des questions d’homme.»
Lettres de Scandinavie de M. W.
Et de renchérir avec ceci : « Mais si les femmes doivent être exclues de la participation aux droits naturels du genre humain, et totalement privées de donneurs leurs voix, du moins dans ce qui les concerne particulièrement, prouvez d’abord, pour vous laver du reproche d’injustice et d’abus, qu’elles manquent de raison: autrement cette tache dans votre nouvelle constitution, la première qui ait été fondée sur la raison, témoignera toujours aux siècles à venir que l’homme ne peut s’empêcher d’agir en tyran et la tyrannie dans quelque partie de la société qu’elle lève son front d’airain détruira toujours la moralité. »
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Mary Wollstonecraft soutient que les femmes sont restées inférieures parce qu’elles ont été maintenues dans la sphère domestique, forcées à être des «jouets». La société leur a enseigné que l’apparence, l’opinion masculine et le mariage étaient plus importants que l’épanouissement intellectuel et personnel. Sculptées par un stéréotype de genre que leurs mères renforçaient, les filles ont été élevées pour exploiter leur apparence afin de trouver un homme qui les soutiendrait et les protégerait.
Un message féministe toujours d’actualité
Wollstonecraft a été la première féministe à décrire le «mariage pour soutien» comme une forme de prostitution. Une affirmation choquante pour l’époque. Le manque de moyens obligeait souvent les femmes à se marier. Mary Wollstonecraft estimait qu’une vie aussi restreinte, limitée par des anecdotes domestiques, pouvait également causer des dommages psychologiques.
Pour restaurer la dignité des femmes, Wollstonecraft recommande «une révolution dans les mœurs féminines». Selon elle, les femmes devraient investir la sphère publique et occuper des domaines tels que la médecine ou les affaires. Elle demande instamment la fin de la distinction sociale entre les sexes. Elle appelle à l’égalité des droits des femmes pour leur permettre de prendre le contrôle de leur vie.
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