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Dans le superbe film tunisien de Najoua Slama intitulé « Le pardon » avec Abed Fahd et Mohamed Ali Ben Jemaa, l’acteur syrien trouve refuge dans une maison située près du célèbre cimetière marin de Mahdia. En quelques plans seulement, la talentueuse réalisatrice révèle l’atmosphère unique et met en lumière la beauté exceptionnelle de cette ville côtière tunisienne.

Une cité tunisienne au patrimoine millénaire

Située au centre-est de la Tunisie, à environ 200 kilomètres au sud de Tunis, Mahdia compte 51 833 habitants selon le recensement de 2014. Cette municipalité historique, construite sur une presqu’île de 1 400 mètres de longueur, abrite aujourd’hui l’un des premiers ports de pêche du pays.

Par ailleurs, l’activité touristique transforme progressivement l’économie locale. La cité développe également un pôle d’enseignement supérieur, notamment avec l’Institut d’économie et de gestion établi en 1999. Tandis que le centre historique occupe la presqu’île, la ville moderne s’étend vers l’intérieur avec les quartiers d’Hiboun et de Zouila.

L’héritage fatimide de Mahdia

Connue successivement sous les noms de Jemma, Aphrodisium et Cap Africa, Mahdia joue un rôle majeur dans le bassin méditerranéen jusqu’au XVIe siècle. En 916, le premier calife fatimide Ubayd Allah al-Mahdi ordonne la fondation de la ville. Ainsi, Mahdia devient la capitale des Fatimides en 921 et le reste jusqu’en 973, quand Le Caire la remplace.

De plus, la ville résiste victorieusement au siège de huit mois mené par les kharidjites entre 944 et 945. En 1057, les Zirides s’y réfugient face à la menace des Hilaliens. Puis en 1086-1087, les grandes villes marchandes méditerranéennes s’emparent de Mahdia pour faire cesser les attaques des corsaires.

Les trésors architecturaux à découvrir

La Skifa Kahla, porte d’entrée vers l’histoire

Mahdia révèle des monuments remarquables qui témoignent de son riche passé. La Skifa Kahla ou Bab Zouila constitue une importante porte fortifiée élevée entre 916 et 921. Cette entrée historique, restaurée au XVIe siècle, représente l’un des rares vestiges des anciens remparts.

Bordj El Kébir et la Grande Mosquée

Bordj El Kébir impressionne par sa forteresse dotée d’un passage voûté menant à une cour imposante avec vue sur la pointe du cap Afrique. La Grande Mosquée, fondée en 916 par Ubayd Allah al-Mahdi, présente la particularité d’être dépourvue de minaret.

De même, la mosquée Hadj Mustapha Hamza, construite en 1772 puis restaurée au XXe siècle, illustre parfaitement l’architecture religieuse ottomane.

L’amphithéâtre d’El Jem, joyau proche de Mahdia

À 42 kilomètres du centre-ville se dresse l’amphithéâtre d’El Jem, le mieux conservé après celui de Rome. Construit par les Romains vers le IIIe siècle, ce colisée accueillait jusqu’à 30 000 spectateurs. Aujourd’hui, il héberge chaque été le Festival International de musique symphonique d’El Jem depuis 1985.

L’économie moderne de Mahdia Tunisie

Pêche et huile d’olive traditionnelles

L’économie de Mahdia repose principalement sur le tourisme, la pêche et l’huile d’olive. Le port de pêche s’anime à certaines heures et possède ses propres conserveries pour le poisson bleu. On y admire des chalutiers équipés pour la pêche au lamparo.

Située à l’est d’une grande oliveraie, la ville abrite des huileries produisant de l’huile d’olive et du savon à base de 72% d’huile d’olive. Mahdia se distingue aussi par ses tissages de soie et laine ainsi que son artisanat de bijoux, cuir et bois.

Le tourisme balnéaire en plein essor

Les plages de sable blanc, les nombreux hôtels et la riche histoire font de Mahdia une station balnéaire prisée. La zone touristique s’étend au nord de la ville, face au quartier d’Hiboun. La plupart des hôtels bordent la mer et proposent une offre variée.

Les traditions uniques de Mahdia

L’habit traditionnel, symbole de statut social

Mahdia se caractérise par une richesse gastronomique unique et surtout par un habit traditionnel très particulier. Chaque tenue décrit le statut social des personnes. Pendant les mariages, la tenue révèle qui est jeune mariée, jeune maman, célibataire ou veuve.

La tenue complète de la mariée comprend une dizaine de pièces richement brodées de fil d’or et ornées de bijoux en or, diamants et perles. Coûtant plus de 5 000 dinars, cette tenue symbolise l’importance de la femme dans la société mahdoise.

Le souk du vendredi, tradition vivante

Autre particularité remarquable : le nom de certaines familles de Mahdia se lie à une activité spécifique depuis des générations. La confection, la bonneterie, la parfumerie et l’artisanat local restent l’apanage de quelques familles.

Chaque vendredi, tous les artisans se donnent rendez-vous entre la Skifa Kahla et le port pour exposer leurs créations. Ce souk du vendredi transforme la place en véritable caverne d’Ali Baba, où résonnent les négociations dans un monde de couleurs et de senteurs.

Mahdia, destination incontournable de Tunisie

Cette ville unique attire de plus en plus de visiteurs tunisiens et étrangers. Son patrimoine historique exceptionnel, ses traditions vivantes et ses paysages côtiers en font une destination de choix. L’épave de Mahdia, datant du Ier siècle avant notre ère et chargée d’objets d’art athéniens, témoigne de l’importance historique de ce site archéologique sous-marin.