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Dr. Leila Lakhoua Houimli
Dr. Leila Lakhoua Houimli

Leila Lakhoua Houimli, médecin spécialiste en gynécologie, obstétrique et échographie, est en couverture de ce numéro. Nous lui avons proposé de répondre à nos questions, mais elle s’est prêtée au jeu autrement. Ce qui n’est nullement étonnant venant d’une personne aussi singulière. Leila a préféré nous parler à cœur ouvert. Voici l’intégralité de ses propos.

Je suis l’aînée d’une famille de 5 enfants d’un couple ­d’éducateurs soudés et aimants. Ma mère, fille d’un Sheikh précepteur Zeitounien, était née dans les années 30, elle était pourtant plus lettrée que ses 3 frères et faisait preuve d’une abnégation telle dans l’exercice de son métier ­d’institutrice puis de directrice d’école au point d’en arriver à prendre une seule semaine de congé de maternité ; préférant prendre le bébé avec elle sur son lieu de travail, que quitter ses élèves : c’était une femme exceptionnelle. Mon père, homme aux valeurs exemplaires, était initialement ­professeur d’arabe et d’éducation à l’école de Dar Jeld, Sadiki puis au lycée Alaoui avant de partir enseigner en Belgique lors de mes années de lycée. Élevée dans un tel milieu, j’ai été lettrée très précocement. Ainsi, à 3 ans, je récitais par cœur un des plus longs poèmes de Élia Abou Madhi ettalessem.

J’ai été Scolarisée à l’âge de 3 ans et demi. Élève la plus jeune de mes classes, j’étais à la fois turbulente, attentive et curieuse de tout, ­intéressée autant par les matières scientifiques que les langues. Très tôt, mes parents m’ont appris à faire la part entre le mérite et le ­privilège, au bénéfice du premier.

J’ai un peu vécu ma jeunesse avec une sensation d’être hors normes à cause de ma double singularité : ma rousseur et mon jeune âge. J’étais tantôt fière tantôt peinée d’être «hors catégorie». Les enseignants me repéraient au premier coup d’œil et faisaient une fixation sur mes ­résultats… Je me devais d’être toujours à la hauteur et faire mes preuves a constamment été un impératif. Mon temps était partagé entre les études, et deux activités : la natation et les cours du conservatoire initialement de musique ensuite de danse. Ainsi, j’ai dansé jusqu’à ma première grossesse et il est probable que les solos de ballets, au théâtre ou à Carthage, aient largement contribué à forger ma capacité à gérer le trac qui m’est si utile aujourd’hui. J’aimais tellement la danse, dans sa dimension aussi bien physique que spirituelle, que j’aurais pu en faire un métier.

J’ai été une férue lectrice dès mon enfance. Tout y est passé : BD, policiers, mythologie, littérature classique, fictions, pièces de théâtre, grandes philosophies… Tout était bon à être lu… Et chose amusante, tout ce qui s’appelait Larousse (Larousse botanique, Larousse de la cuisine et Larousse encyclopédique)

J’ai eu mon Bac avec mention Bien et une proposition pour intégrer un groupe destiné à des études de pilotage aux Etats Unis, après hésitation et compte tenu de mes 16 ans, la proposition a été déclinée… Deux choix s’offraient alors : IHEC ou Médecine. Le hasard de l’orientation m’a ­placée dans la seconde filière. Les études médicales s’avérèrent convenir parfaitement à ma ­personnalité; curieuse de tout, disciplinée, studieuse et dotée d’une mémoire photographique, je les ai passées sans obstacles. Dans tous mes stages, j’ai été particulièrement zélée.

J’ai connu mon compagnon de vie et père de mes enfants en 3e année de médecine. J’avais 19 ans…. Nous avons eu 3 enfants. Notre devise était : ­Éducation. Ma vie de famille, loin de handicaper mon activité ­professionnelle, en a été le soutien et le moteur. J’eus mon premier enfant au début de l’internat. 7 ans plus tard, j’ai eu mes 2 autres ­enfants l’un après l’autre. Grâce au soutien de mon conjoint, également médecin, et celui de nos familles respectives, les élever ne nous a pas vraiment posé de problèmes. Malgré tout ce qui pouvait arriver, nous avons tous ­fonctionné comme une belle machine bien rodée jusqu’à les faire parvenir à l’âge adulte.

À mon internat, être épouse et mère ne m’empêchait pas d’être très ­attentive à ma formation et là où je passais, on m’invitait à adopter la spécialité. C’est ainsi que j’ai failli opter pour la dermatologie. Je choisis finalement la Gynécologie Obstétrique : Filière magique ­consistant en une gestion globale de la santé de la femme, tant sur le plan clinique que de celui du bien-être physique et psychique, et ce, durant toutes les étapes de la vie .Très vaste et singulière, cette spécialité est médico-chirurgicale avec de surcroît l’aspect de l’obstétrique, soit le suivi des grossesses et les naissances avec toute la positivité et le côté miraculeux qui s’y relie. Tbibet ensé, Médecin de la femme. J’aime cette façon de concevoir les choses : Il me tient à cœur de mettre au point un centre multidisciplinaire où on gère la santé de la femme dans sa globalité.

Leila Lakhoua Houimli
Leila Lakhoua Houimli dans son cabinet

Mon résidanat a démarré à l’Hôpital militaire de Tunis, puis à l’hôpital Lariboisière à Paris où je suivis ma formation en gynécologie générale pendant 2 ans. De retour à Tunis, je rejoins le Centre de maternité de la Rabta. Il me restait alors à compléter mon cursus par le stage optionnel en chirurgie générale. Au service beau séjour de l’hôpital Charles Nicolle je trouvais une équipe dynamique et performante. C’est là que je pus mesurer ma passion pour cette discipline. J’étais aussi active que les résidents de chirurgie sinon davantage. On me proposa même de changer de filière et d’intégrer cette fabuleuse école, mais par crainte de la ­misogynie du milieu à cette époque (années 90) j’ai opté pour une solution ­intermédiaire et choisi un sujet de thèse hybride englobant les deux spécialités en restant gynécologue.

Major de promotion à l’examen de fin de spécialité, j’ai été affectée ­d’emblée à l’hôpital Mongi Slim en tant que médecin spécialiste de la Santé publique. L’année suivante, j’ai passé mon assistanat ­hospitalo-universitaire et suis restée au sein de la même structure. L’hôpital était mon deuxième chez-moi et les membres du service ma deuxième famille.

Très matinale, j’étais pleinement investie dans toute l’activité. À côté du volet chirurgical, j’étais la seule de l’équipe à avoir 2 parfois 3 consultations par semaine à près d’une centaine de patientes. Mais, j’avais également carte blanche, tant sur le plan de l’organisation du service, de la gestion du personnel que de la formation, l’enseignement et l’encadrement des jeunes médecins (externes, internes et résidents). Une période trépidante où le repos n’était pas de mise.

Mon plan de carrière était tout tracé vu que j’étais en dernière année ­d’assistanat et aux portes du concours d’agrégation. J’attendais à ce ­moment-là mon 3e enfant. Sa naissance avant terme, a marqué un ­tournant décisif dans mon plan de carrière. Il avait présenté des ­complications ­respiratoires, faisant craindre le pire. En allant le voir en clinique quelques jours après sa naissance, je suis passée devant un chantier. C’était le Palmarium en reconstruction. Un déclic s’est opéré en moi et en une fraction de seconde, je m’étais fait le serment de m’y installer si mon enfant survivait… J’ai noté les coordonnées sur le panneau indicatif et me suis promis ­d’appeler le jour de la sortie du bébé… Ce fut chose faite et m’y voilà installée depuis 23 ans.

Mes premières années d’exercice dans le privé furent à la clinique Amen fin 1997. À cette époque un de mes maîtres du beau séjour aux énormes qualités tant humaines que professionnelles, le professeur M.T Khalfallah, avait été nommé à la tête du service de ­chirurgie à Mongi Slim et entamait son activité privée complémentaire. Il m’avait proposé de l’aider au bloc et c’est ainsi que, gynécologue installée en ville, j’ai continué à travers cette collaboration à me perfectionner en chirurgie viscérale pendant plus d’une dizaine d’années… Je dois une grande partie de ma dextérité et de mon aisance au bloc opératoire à cette période de ma vie et à ce Mentor hors pair (paix à son âme).

En définitive, je suis le fruit d’une éducation basée sur le respect des ­aptitudes et l’amour de tout ce qu’une personne peut entreprendre. À mon avis, activité professionnelle et enthousiasme vont de pair. C’est ainsi que je consulte entourée de fleurs et que j’opère en écoutant de la musique pour le plus grand bonheur des patientes.

Je pense avoir relayé avec succès, ce respect des aptitudes, dans l’éducation de mes enfants : 2 d’entre eux avaient été orientés en médecine. Mais ayant formulé une hésitation, je les ai dissuadé de mettre le pied dans un circuit astreignant, sans la certitude absolue de ne vouloir que cela et leur ai laissé le choix de leur avenir.. Ils ont réussi leur cursus et sont respectivement chef d’entreprise en Californie et ingénieur programmateur informatique chez un géant mondial de la vente en ligne à Seattle.

C’est pour ma fille que la meilleure éducation à été donnée, car c’est aux filles qu’incombe l’éducation des générations futures. Aimant les sciences de l’économie, elle a eu sa scolarité à USC en Californie. Elle a le plaisir de faire ses premiers pas en marketing dans la téléphonie.

Je pense que personne ne revient en arrière. Nul parent ne doit imposer un plan de vie à sa progéniture.

Notre mission est de leur donner le meilleur de ce que nous sommes, des ailes solides et les regarder s’envoler.

À ce propos, il y a un poème de Gibran que j’aime particulièrement. Au point que je l’imprimerai volontiers pour l’offrir aux nouveaux parents:

Vos enfants ne sont pas vos enfants…

Gibran Khalil Gibran

Le départ de mes enfants m’a mise devant une situation classique : le syndrome du nid vide… La solution était là : repenser ma vie et déménager dans un endroit plus petit donc plus agréable à vivre.
Actuellement, je partage mes journées entre mon activité professionnelle très prenante. En effet, je gère un des grands cabinets de la capitale. J’exerce mon activité essentiellement dans 5 cliniques des deux principaux groupes de santé : Amen santé et Taoufik hospitals group.

Grâce à un apprentissage de la gestion optimale du temps et selon mes envies, j’arrive également à lire, peindre, jardiner, cuisiner, me cultiver, faire du sport, visiter ma famille et j’espère recommencer à voyager…
Je me suis fait le serment que pas un jour ne passe sans que j’en apprécie chaque instant (bon ou moins bon) et que je ne le mette à profit pour me bonifier.

L’âge est un vain mot. La vie est une succession de cycles reliés, avec une filiation d’événements. Ainsi, rien n’arrive par hasard et aucun maillon n’est inutile. Je ne changerais rien de ma vie. Si je me retrouvais à 20 ans ; peut être ­prendrais-je un peu plus le temps de bavarder avec mon père parti trop tôt… Peut-être aurais-je aussi géré quelques rencontres avec la circonspection et la maturité que j’ai aujourd’hui. Mais quand bien même on changerait cela, je ne serai probablement pas la même personne.

Mes règles d’or sont :

  • Faire toujours de mon mieux avec les capacités dont je dispose,
  • Aimer ce que je fais et faire ce que j’aime
  • Ne jamais croire qu’un problème reste sans solution. Souvent ­l’existence même du problème est la solution pour nous faire aller de l’avant .

Dr. Lakhoua Houimli Leila
Le PALMARIUM Tunis 1000
Tel: 71.336.033/ 28.336.033 / 98.318.731
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