Miracle ? En 1918, dans son laboratoire, René-Maurice Gattefossé, un pharmacien français, se brûle gravement. Sans réfléchir, il plonge sa main dans le premier récipient à sa portée. Soulagement instantané… et guérison d’une rapidité stupéfiante. Le bocal était rempli d’huile essentielle pure de lavande.
Intrigué, il décide d’étudier de près ces extraits de plantes. C’est ainsi qu’est née officiellement l’aromathérapie, déjà connue au temps des pharaons, mais longtemps oubliée. Aujourd’hui, les fioles d’huiles essentielles envahissent tout : pharmacies, magasins de diététique, boutiques cadeaux, coiffeurs et instituts de beauté. Cet hiver, on a même inauguré, à New York, le premier immeuble aromathérapique du monde. Toute la journée, couloirs et ascenseurs sont inondés d’odeurs subtiles : pamplemousse et menthe poivrée pour réveiller les neurones le matin ; lavande, rose et ylang-ylang pour décompresser le soir.
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L’aromathérapie qu’est-ce que c’est?
Qu’on ne s’y méprenne pas ! Plus qu’un parfum ou un arôme (une simple odeur), les huiles essentielles sont des aromates :des substances végétales qui contiennent des molécules à la fois actives et odorantes. Extraites des fleurs, feuilles ou écorces par distillation à la vapeur, ce sont de véritables quintessences de plantes. Des molécules chargées d’« énergie de vie » – comme disent les Chinois – qui, inhalées, appliquées sur la peau ou avalées, ont le pouvoir de relaxer, tonifier, purifier, mais aussi soigner nombre de nos petits maux quotidiens. Mais attention néanmoins : « Mal utilisées, ces précieuses molécules peuvent s’avérer toxiques pour l’organisme, donc dangereuses », prévient Dominique Baudoux, pharmacien, directeur des laboratoires Pranarom et considéré comme le spécialiste européen de l’aromathérapie. La prudence doit donc toujours rester de mise. Mode d’emploi pour s’initier sans risque.
Baigner le corps, relaxer l’esprit
Première étape : les produits pour le bain, où les huiles sont déjà intégrées dans une préparation. Débouchez un flacon de Bain aux essences de sapin (Weleda), humez le frais picotement des aromates, puis versez quelques gouttes dans l’eau bien chaude juste avant d’y entrer. Allongez-vous. Aussitôt, vous sentirez la différence avec un simple bain moussant ou des sels parfumés : l’eau est comme « vivante », accueillante, pleine d’énergie. Normal : les aromates, très volatils, ont commencé à s’évaporer pour se disperser dans la salle de bains et dans vos poumons, tandis que les molécules circulent librement dans l’eau, roulant doucement sur votre peau. Effet immédiat : l’huile essentielle de sapin libère les voies respiratoires, détend les muscles et tonifie l’organisme.
Deuxième étape : concoctez vous-même votre propre cocktail, en sélectionnant, parmi la soixantaine d’huiles essentielles pures les plus couramment utilisées, celles adaptées à vos besoins. Trois gouttes de lavande, d’orange et d’ylang-ylang ? Effet antistress garanti. Prudence toutefois ! Sauf exception (lavande, ravensare), vous ne devez jamais utiliser les huiles essentielles pures en soins externes, car elles peuvent brûler la peau. Autre problème : elles ne sont pas solubles dans l’eau. Il faut donc les mélanger à une base : un gel de douche ou une cuillerée de vodka (l’alcool va séparer les molécules et les répartir uniformément à la surface du bain).
L’aromathérapie pour purifier l’atmosphère
Vaporisées dans l’air via un diffuseur d’arôme, les huiles essentielles purifient l’atmosphère tout en la parfumant. Respirer, une demi-heure par jour, un mélange d’eucalyptus radié et de thym protège des microbes de l’hiver, tandis que quelques gouttes de mandarine et d’ylang-ylang invitent à la sérénité. Car les molécules exercent une action sur le corps, mais aussi sur l’esprit. En effet, notre odorat, relié à notre cerveau limbique, éveille nos souvenirs, nos émotions, nos sensations les plus intimes. Une huile essentielle peut donc aussi résonner dans notre inconscient. Voilà pourquoi des essences comme la marjolaine ou le petit grain permettent de soigner les dépressions.
Quant au choix du diffuseur, une règle impérative : on ne chauffe jamais directement une huile essentielle sous peine de la brûler, donc de la dénaturer ! A proscrire, l’anneau en métal posé à même l’ampoule électrique. Préférez les mal nommés « brûle-parfums » (en terre cuite ou en céramique), avec une coupelle destinée à contenir de l’eau, dans laquelle on ajoute quelques gouttes d’aromates. Chauffée par une bougie, l’eau s’évapore lentement, entraînant les molécules dans l’air. Le nec plus ultra reste le diffuseur électrique : une pompe souffle de l’air froid dans un tube en Pyrex et pulvérise des milliards de microparticules d’huile essentielle. Non chauffées, les essences gardent toutes leurs propriétés.
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