Sonia Jerbi est une artiste peintre spécialisée dans la restauration de vitraux et la création de peinture sous verre. Diplômée de l’école du Louvre de Paris, elle revient à Tunis et s’impose dans le milieu artistique. Elle est d’ailleurs, la seule personne qui sache appliquer cet art, aux baies vitrées, fenêtres, portes, revêtement muraux, plafonds lumineux… à la main !
Nous l’avons rencontrée à son atelier : The House of Colored Glass.
Sonia Jarbi : parcours d’une femme
Sonia Jerbi est née à Sfax au sein d’une famille d’intellectuels. Son père, Chedly Jerbi, a fait ses études à la Sorbonne. Il était directeur à l’OPNT de Sfax, avait un atelier et créait manuellement les enseignes lumineuses. Dès son plus jeune âge, Sonia Jerbi voyait son père à l’œuvre et l’observait tandis qu’il élaborait de nombreux croquis avant de passer à l’exécution de ses travaux. Elle a réalisé depuis sa plus tendre enfance, qu’elle aussi avait la main pour le dessin. Cette révélation n’avait, pour elle, rien de surprenant. Il lui semblait même qu’elle coulait de source. Encouragée par son père, elle suit, en dépit de l’obtention d’un baccalauréat scientifique, la voie que lui indique son cœur, Elle s’inscrit à la très prestigieuse école du Louvre de Paris et sera la seule tunisienne à s’intéresser aux vitraux. Elle apprend la technique de manipulation des verres, du plomb, de la soudure. Durant sa formation, elle participe à la restauration de vitraux de cathédrales, a travaillé sur le plafond du Crédit Lyonnais, le restaurant Le Grand Café Capucines, place de l’Opéra.
De retour à Tunis, elle prend conscience de la difficulté de vivre de ses créations de vitraux. Elle opte alors pour la peinture sur vitre et privilégie l’imitation du vitrail. Au lieu de se servir d’une soudure de plomb, elle utilise des pâtes dont elle contrôle l’épaisseur, pour donner du relief aux séparations entre les surfaces colorées.
Elle commence par exécuter de petites commandes faites par ses amis, ses proches et son papa, en se contentant de travailler chez elle. Elle avait fait le choix de s’occuper d’abord de ses enfants et de veiller à leur éducation. Elle attendra qu’ils soient suffisamment grands pour déployer vraiment ses ailes. La vie ne peut rien face à la détermination des gens. C’est donc sans grande surprise qu’un jour, son père lui recommande d’aller rencontrer feu, le propriétaire du Phuket’s, alors encore en construction. Ça sera sa première grande commande et le début d’une carrière florissante.
Le cabinet d’architectes ayant travaillé sur le chantier, impressionné par son talent, son sérieux, sa ponctualité et sa rigueur, ne cessera de la recommander.
Très exigeante, elle a l’excellence pour unique satisfaction.
Les Défis
Sonia Jerbi, ne renonce pas au fait-main et résiste à l’attrait des machines. Elle refuse de laisser l’appel de la productivité remplacer sa passion et l’amour qu’elle porte à son art. Son papa l’encourage encore une fois. Il l’encouragera toujours.
Mais s’il y a une difficulté que Sonia Jerbi rencontre réellement, c’est celle de trouver des apprentis sérieux et appliqués. Ce métier qui exige passion et dextérité, précision et rapidité, fait reculer même les diplômés des écoles d’art, habitués à des médiums moins contraignants. Sonia Jerbi recrute et forme patiemment. Aujourd’hui, elle est entourée d’une équipe d’ouvriers qui a su composer avec la rigoureuse sévérité de la femme entrepreneure et la générosité sans concession de la femme artiste. D’ailleurs, la visite de l’atelier The House of Colored Glass à la Soukra, nous réserve une belle découverte. À côté de magnifiques œuvres exposées, on ne peut s’empêcher d’être en admiration devant cette synergie humaine que Sonia Jerbi a installé. Une autre surprise nous y attend. Une autre technique nous est présentée dans toute la splendeur de son élégance : la peinture à la feuille d’or. Les créations ne se contentent pas d’offrir un rendu haut de gamme unique, elles réussissent un exercice d’une complexité rare : le luxe non tapageur. Une explosion de pépites d’or prennent racine dans le verre. Du moins, c’est l’impression que nous en gardons. La décoration à la feuille d’or a indéniablement de beaux jours devant elle. Elle est d’ailleurs très appréciée des acteurs du luxe, des architectes et décorateurs.
La consécration
Le talent indéniable de Sonia Jerbi lui a permis de travailler sur de nombreux hôtels parmi lesquels nous pouvons citer en Tunisie, le Spa du Mövenpick-Hôtel du Lac Tunis qui vient d’être inauguré ou encore le Hilton au Caire en Égypte. Elle a également marqué de son art les restaurants à Paris. Sonia Jerbi a participé aussi bien à la décoration de l’ambassade de Libye, qu’à celle de ministères tunisiens (dont celui des affaires étrangères). Ses créations ornent également les aéroports Habib Bourguiba à Monastir et Enfidha-Hammamet. Notre artiste exporte savamment son art qui adorne majestueusement la HSBC de Genève. Sonia Jerbi a également travaillé sur des villas de maître et a collaboré avec des promotions immobilières de haut standing,
Fière de ses enfants à qui elle s’est vouée corps et âme, une complicité sans faille lie Sonia Jerbi à Omar et Meriem. Son fils n’hésite d’ailleurs pas à lui créer des maquettes pour permettre aux clients de mieux visualiser leurs commandes.
Notre artiste nous confie son prochain rêve : une exposition à Washington d’ici un an.
Article paru dans le N°35 de la Sultane
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