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« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent. » – Antoine de Saint-Exupéry

« Il est devenu insupportable ! », « La communication avec lui devient impossible ! », « Il s’enferme durant des heures dans sa chambre, il refuse de rester avec nous ! », « Il désobéit constamment, montre de l’agressivité, je ne le reconnais plus ! » Ces phrases accablantes résonnent fréquemment dans la bouche des parents d’adolescents. Elles décrivent une situation qui semble alarmante.

Pourtant, si la crise d’adolescence était rassurante ? Si elle en cachait une autre ?

À l’âge de 3-4 ans, les parents interagissent aisément avec leur enfant. Ils s’amusent, le portent sur leurs épaules et choisissent ses activités quotidiennes. Après 12 ans, l’enfant grandit physiquement et affiche un comportement différent. Il manifeste une volonté d’autonomie, d’affirmation de soi et développe un regard critique envers ses parents. Ces derniers, jusque-là confortablement placés comme modèles à suivre, se trouvent déstabilisés.

Au lieu de célébrer l’émancipation de leur enfant et sa construction identitaire, les parents ressentent souvent de la déstabilisation. En effet, ils ne sont généralement pas préparés à cette déferlante de transformations subites.

L’adolescence : une période d’égarement et d’affirmation de soi

L’adolescence, magnifiquement imagée par Françoise Dolto avec « le complexe du homard », représente cette métamorphose physique et morale que vit l’enfant dès 12-14 ans. Comme le homard en période de mue, l’adolescent voit son corps grandir et doit reconstruire une nouvelle carapace à sa taille.

Avant de fabriquer sa nouvelle cuirasse, il se trouve égaré, vulnérable et susceptible. Il devient une proie facile et cherche une identité, un style, une place au sein de sa communauté amicale et familiale. Il découvre sa sexualité et développe des craintes à ce sujet.

Des interrogations nouvelles martèlent son esprit : « Vais-je plaire aux filles ? », « Vais-je plaire aux garçons ? » Différentes stratégies se mettent alors en place. Un adolescent jouera au « sûr de lui », tandis qu’un autre tâtonnera, suivra le groupe ou se retirera dans l’isolement.

Ni enfant, ni encore adulte, l’adolescent n’a plus sa place habituelle au sein de la famille. Ses parents ne lui plaisent plus car ils représentent l’obstacle majeur qui entrave sa liberté et incarnent l’incompréhension. L’adolescent se sent seul et incompris.

Les crises croisées : quand parents et ados traversent leurs turbulences

Si nous observons attentivement le mécanisme et la temporalité de la puberté, nous constatons qu’elle coïncide généralement avec les 40-50 ans des parents. Cette période correspond à la crise du milieu de vie.

Les parents commencent à penser à la ménopause ou l’andropause, à douter de leur sexualité, à craindre la disparition de leurs propres parents. Ce schéma d’inquiétude ressemble étonnamment à celui qui se déroule dans le mental et le physique de l’adolescent.

Finalement, la crise d’adolescence n’est pas unilatérale. Elle se présente plutôt comme un croisement, une conjugaison de turbulences qui fait parfois monter la tension familiale à son comble.

Soyons proactifs dans la gestion de la crise d’adolescence

Parents préparés : accompagner sereinement

Certains parents anticipent la puberté de leur enfant. Ils le préparent en lui expliquant le phénomène physiologique qui s’accompagnera de changements psychologiques : un mal-être apparemment « inexpliqué » et « inexplicable », des changements d’humeur, un repli sur soi ou une agressivité inhabituelle, une susceptibilité excessive.

Ces parents préparés restent contents de voir leur enfant grandir moralement. En effet, ils savent qu’une adolescence refoulée risque de se déclarer à l’âge adulte, ce qui pourrait causer de grands dégâts familiaux.

Ils ne réagissent pas spontanément aux premiers symptômes comportementaux de leur enfant. Ils résistent à la provocation et acceptent les critiques sans y voir une dévaluation personnelle. Ils accueillent les changements et accompagnent leur enfant tout en l’encadrant avec bienveillance et efficacité.

Parents dans le déni : les conséquences

D’autres parents, pris dans le tourbillon de la vie quotidienne, refusent inconsciemment de sortir de leur zone de confort. Ils rejettent l’idée de couper le cordon et de perdre leur emprise sur leur enfant. Ces parents refusent tout changement et s’installent dans une sorte de déni.

Cette situation s’aggrave lorsque les parents ne s’accordent pas sur l’éducation de leur enfant. Cette mésentente ne peut qu’entraver l’accompagnement de l’adolescent durant cette période de transition délicate.

Ces parents reprochent constamment à leur adolescent ses agissements. C’est comme reprocher au papillon de ne plus être chrysalide.

Préparer le terrain familial

Nous invitons donc les parents à préparer le terrain au sein de la famille. Il convient de se débarrasser de tous les tabous qui risquent d’entraver la communication efficace avec l’adolescent.

Offrez-lui une marge de liberté sans devenir permissif. Ne laissez pas tout faire et tout dire, mais donnez-lui l’occasion d’expérimenter avec des risques calculés. Si les parents n’offrent pas la dose de liberté et de réconfort nécessaires à la construction de l’estime de soi, l’adolescent risque de chercher ailleurs.

Il pourrait se laisser tenter par des pratiques néfastes et dangereuses : conduite rapide, fréquentations douteuses, consommation de stupéfiants.

L’assistance morale : quand demander de l’aide

Les parents se trouvent souvent dans des situations inconfortables. Ils jonglent entre le travail et la maison, l’éducation d’autres enfants plus jeunes, parfois la gestion de leurs propres parents vieillissants. Basculer subitement dans des préoccupations psychologiques représente une phase délicate à négocier.

Certains parents s’adressent à une tierce personne : un membre de la famille en qui l’adolescent a confiance, avec lequel il partage un capital sympathie et complicité, ou un spécialiste.

Précisément, certains parents peuvent consulter seuls, discrètement. En cas de besoin et avec l’accord de l’adolescent, ce dernier sera sollicité par le spécialiste. Dans d’autres familles, le recours au spécialiste fait l’objet d’un débat ouvert avec l’adolescent qui manifeste lui-même le souhait d’être aidé.

Attention : n’acculez jamais l’adolescent à se faire suivre par un coach de vie ou un psychologue. Il se sentirait comme étant la personne problématique, ce qui diminuerait son estime de soi. Rappelons qu’il s’agit d’une dynamique comportementale familiale dont la gestion incombe aux parents.

Conseils pratiques pour gérer la crise d’adolescence

Écouter attentivement

Malgré son besoin d’indépendance, votre adolescent a besoin que vous écoutiez ses préoccupations, ses souhaits, ses attentes et ses histoires.

Montrer un amour inconditionnel

Démontrez-lui par vos gestes et paroles que vous l’aimez de façon inconditionnelle. Réservez les démonstrations d’affection aux moments privés, car les faire devant ses amis l’humilierait.

Respecter sa vie privée

Admettez qu’il s’enferme pendant des heures dans sa chambre. Frappez avant d’entrer dans son espace personnel.

Pratiquer des activités en famille

L’adolescent n’a plus envie de partager spontanément ses activités avec ses parents. Préparez donc des moments de partage qui lui donneraient envie d’en passer d’autres.

Rester ouvert aux questions

Votre adolescent a besoin de comprendre le monde qui l’entoure, de se comprendre et de se rassurer. En répondant authentiquement à ses questions, il sera conforté dans l’idée qu’il peut compter sur vous.

S’informer avant toute décision

Avant de prendre une décision ou d’entamer une discussion, assurez-vous de bien connaître le sujet : orientation scolaire, sport, loisirs.

Être un bon exemple

Malgré les apparences, l’adolescent reste très influencé par les paroles, comportements, attitudes et façon de percevoir la vie de ses parents. Comportez-vous selon ce que vous enseignez à votre adolescent.

Communiquer avec bienveillance

Maintenez une communication ouverte et bienveillante même en situation de conflit. Ces derniers restent normaux et utiles pour déterminer les besoins de nos enfants.

Conclusion

La crise d’adolescence, loin d’être uniquement problématique, constitue une étape naturelle et nécessaire du développement. Avec préparation, patience et bienveillance, parents et adolescents peuvent traverser cette période ensemble et en ressortir grandis.


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