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Olfa Taboubi Saheb-Ettaba est designer graphique et était directrice artistique dans une agence de com. Sa fonction lui permettait de créer l’identité artistique et visuelle d’un projet (culturel, publicitaire, éditorial, télévisé, cinématographique, théâtral…) C’est elle qui conçoit et réalise des supports de communication visuelle sous forme de dessins, de mise en pages, de mise en volumes, de graphismes, etc.
La traduction de ses idées nous entoure sans qu’on ne le sache. À titre d’exemple, la superbe affiche 2016 des JCC (journées cinématographiques de Carthage), qu’elle a réalisée en freelance pour le compte d’une agence de communication. De nature discrète et réservée, elle sort de son silence pour nous raconter sincèrement sa passion pour son métier. Portrait d’un talent caché.

Olfa nous reçoit dans sa maison. Dès que nous franchissons le pas de la porte, nous nous sentons enveloppées par l’ambiance cosy et au charme élégamment discret des lieux. Cela nous permet de comprendre un peu, cette femme au sourire chaleureux. Un peu gênée de se raconter, elle est consciente de l’importance de la prise de parole féminine.

Travaux OLFA TABOUBI SAHEB-ETTABA

Encouragée par son époux qui la soutient en tout, cette maman de jumeaux âgés de 13 ans finit par sauter le pas. Elle revient sur son parcours et nous explique avoir toujours été attirée par le dessin et l’avoir pratiqué depuis sa tendre enfance. Son baccalauréat en poche, elle rejoint l’école des Beaux-Arts de Tunis avec l’idée de faire de l’art plastique. Étudiante douée et appliquée, elle assiste aux jurys des classes supérieures et finit par opter pour les arts graphiques. La réalisation des maquettes, la conceptualisation des projets, la rationalisation des idées l’attiraient.

OLFA TABOUBI SAHEB-ETTABA nous raconte son parcours

Une fois diplômée, elle rejoint une agence de communication au début des années 90 pour un stage d’été. Elle y passera 17 ans de sa vie, car c’est là qu’elle apprendra tout de son métier. Il faut savoir que c’est l’époque où les logiciels informatiques faisaient leur entrée en scène. Celle qui était habituée aux maquettes manuelles, devait apprendre à traduire ses idées à l’aide des programmes. Elle voulait tout connaître.

À cette époque-là également, elle recevait tous les projets techniques, ennuyeux et monotones. Un passage obligé pour tout graphiste qui voulait apprendre les ficelles du métier. Elle leur accordait toute son attention, apportait de l’élégance à de simples exécutions tout en améliorant son art au passage.

« Il ne faut jamais rechigner à propos de ce genre de projet lorsqu’on est débutant, parce que justement, c’est grace à cela qu’on apprend les bases de notre métier”

OLFA TABOUBI SAHEB-ETTABA

Aujourd’hui les jeunes stagiaires n’ont plus ces mêmes attitudes, Ils boudent de tels travaux comme si on minimisait leur savoir-faire, leur talent ou leur technicité. Or, pour avancer dans notre carrière, nous devons absolument faire preuve d’humilité, de curiosité et de créativité, regrette-telle. » Peut-être qu’à l’école, durant leur formation, on ne les prépare pas assez à la réalité du marché du travail.

« Nos débuts sont souvent laborieux. Il y a tellement de choses à développer, à connaître, à apprendre. Les tendances évoluent d’une saison à une autre. Mais avec un peu de sérieux et de persévérance la reconnaissance finit par être au rendez-vous. »

OLFA TABOUBI SAHEB-ETTABA

Olfa évoque avec affection ses années au sein de son agence de communication. L’ambiance de travail d’un milieu créatif est grisante. Imaginez un groupement d’électrons libres qui bourdonnent de créativité, d’énergie et d’imagination. Au bout de quelques années de travail, la jeune graphiste, qui a fini par maîtriser le volet technique a été promue directrice artistique, chapeautant ainsi la conception et la réalisation d’un projet.


La créativité, c’est percer le banal pour trouver le merveilleux.

Bill MoyersJournaliste

De nouveaux défis l’attendaient et elle allait s’y atteler avec beaucoup de succès. Mais la cadence effrénée du travail en agence finit par l’éreinter après avoir donné naissance à ses jumeaux. Elle devait faire un choix auquel de nombreuses femmes se trouvent quotidiennement confrontées. Elle démissionne alors de son poste et consacre tout son temps et toute son énergie à ses enfants, sa famille et sa maison. La femme active devient, le temps d’une année, femme au foyer. Et tout en adorant son nouveau rôle, quelque part, quelque chose lui manquait.

Elle attendra que ses enfants grandissent, qu’elle les mette sur les rails, qu’ils soient autonomes pour décider de se remettre au boulot. Mais cette fois, ça sera en freelance, pour être certaine d’être maitresse de son temps. Son ancienne agence qui n’a jamais cessé de la solliciter, lui confie à nouveau de beaux projets. C’est vers elle que l’on se tourne si l’on cherche une conception et une mise en image élégante et distinguée. « La magie de la touche féminine, nous confie-t-elle avec humour.»

OLFA et le design graphique

Mais il ne faut pas se laisser appâter par les clichés. Il y a beaucoup de rigueur, beaucoup de recherche et une ouverture de pensées qui nécessitent d’être développées. D’ailleurs, ce trait de caractère, elle le doit un peu à son entourage, sa famille et ses amitiés. Les parcours humains sont marqués de rencontres et de voyages. Autrefois, les déplacements étaient moins compliqués et Olfa en avait profité.

Elle rêve de pouvoir offrir cette expérience à ses enfants. Partager avec eux ces moments privilégiés pour contribuer à la formation. Cela permet de se remettre en question. Se comparer à ce qui se fait ailleurs et à nourrir son imagination. C’est ce qui permet au monde entier d’avancer. Lorsque l’imagination fait défaut, aucune évolution n’est possible, aucune alternative ne peut être proposée. Cette idée traduit parfaitement la pensée d’Olfa Taboubi Saheb-Ettaba.

S’ouvrir, s’étendre, s’épanouir. Pour pouvoir, trouver des alternatives, surprendre agréablement et progresser. « La créativité, c’est percer le banal pour trouver le merveilleux ». Une phrase qu’elle empreinte au journaliste et politologue américain Bill Moyers pour en faire son crédo.


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Article paru dans La Sultane #41