Portrait d’une sirène sulfureuse: Marilyn Monroe
C’est celui de Norma Jean Mortensen, alias Marilyn Monroe. Elle vécut la majeure partie de son enfance dans un orphelinat à LA. Elle passait ses journées à exécuter des corvées et avait peu de temps pour jouer. À l’école, elle restait dans son coin, souriait rarement et rêvassait souvent. À 13 ans, en s’habillant pour aller à ses cours, elle réalisa que la blouse blanche avec laquelle l’orphelinat l’habillait, était déchirée. Elle emprunta alors un pull auprès d’une jeune pensionnaire de la maison. Le vêtement était petit et lui collait à la peau, mais elle ne pouvait faire autrement.
Ce jour-là, les garçons lui tournèrent autour et ne la quittèrent pas. Elle écrira dans son journal « ils regardaient mon pull comme si c’était une mine d’or. » Pour elle, la révélation était de taille. Alors qu’elle était auparavant, ignorée ou ridiculisée, elle avait pressenti avoir trouvé le moyen de susciter l’intérêt auprès des autres. Cela lui procurerait même un peu de pouvoir se dit la jeune Norma Jane qui était fort ambitieuse. Elle se mit alors à sourire plus souvent, se maquillait plus régulièrement, s’habillait autrement et BIM !
Elle n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit, pas même de parler pour voir les garçons trainer à ses pieds. «Tous mes admirateurs me disaient à peu près la même chose» notera-t-elle dans son journal. «Ils m’expliquaient que leurs envies de m’embrasser, de me prendre dans leurs bras étaient de ma faute à moi. Certains me disaient que c’était à cause de mon regard passionné. D’autres que c’était ma voix qui les incitait. D’autres encore que des vibrations émanaient de moi et les déstabilisaient.»
L’effet de Marilyn Monroe sur les hommes
L’effet que Norma Jane avait sur les hommes, Marilyn essayait de le reproduire sur le grand écran. Tous les producteurs lui disaient à peu près la même chose : elle était plutôt jolie, sans l’être assez pour espérer obtenir un grand rôle dans un film. Elle faisait alors la figurante ou obtenait vraiment de tous petits rôles. Mais chaque qu’elle apparaissait sur les écrans, ne serait-ce que pour quelques secondes, les hommes dans les salles de cinéma devenaient fous. Et avec ça, personne ne trouvait dans ses manifestations de quoi faire d’elle une star !
Il a fallu attendre ses 23 ans en 1949 pour que Marilyn rencontre quelqu’un à un dîner qu’on castait pour Love Happy, le nouveau film de Groucho Marx. On était à la recherche d’une blonde, d’une bombe, qui pourrait passer à côté de côté de Grucho, en marchant, de sorte à « éveiller ma vieille libido et à me faire sortir de la fumée par les oreilles », selon la propre formulation de Grucho Marx. Marilyn se rendit donc à l’audition, improvisa une démarche et fit dire à Grucho « C’est à la fois Mae West, Theda Bara et Bo Peep ! » Le tournage de la scène eut lieu le lendemain matin. Et c’est ainsi que la fameuse démarche de Marilyn Monroe était née, une démarche qui n’était pas tout à fait innée et n’était pas même très spontanée, mais qui offrait un étrange mélange d’innocence et de sensualité.
Avec le temps, Marilyn apprit à mieux maitriser son art : l’emprise qu’elle avait sur les hommes devenait de plus en plus implacable. Sa voix a toujours été agréable : c’était la voix d’une petite fille. Toutefois, sur les plateaux de tournage cela pouvait être assez réducteur. Elle apprit alors à lui donner un ton profond, plus grave. Elle prononçait les mots comme on émettait des souffles. Et ça devint même sa signature vocale : à la fois une voix innocente et rouée.
Avant de se présenter sur un plateau, Marilyn passait des heures devant le miroir. Tout le monde pensait que c’était de la vanité. En réalité, elle construisait toujours son personnage principal : celui de Marilyn. D’ailleurs son plus grand drame est qu’elle en devint prisonnière. Elle passait des heures à mettre son image au point. Comment se maquiller, sur quel ton répondre à une impertinence, quel regard lancer… D’ailleurs, alors qu’elle était au sommet de sa gloire, elle adorait un jeu en particulier. Elle se promenait dans les rues de la ville sans maquillages, ni paillettes, et comment elle passait inaperçue. À cause de l’image qu’elle présentait, les studios ne lui proposaient jamais de rôles sérieux comme elle en rêvait. On n’attendait pas grand chose d’elle, à part qu’elle soit blonde et sexy. Marilyn adorait l’effet qu’elle faisait, mais, son apparence la confinait et l’empêchait d’évoluer vers autres choses.
Contrairement à la sirène théâtrale, la sirène sulfureuse impacte immédiatement les hommes. Mais, il semblerait que toutes les sirènes aient un point commun : la voix. C’est d’ailleurs l’attribut dont Homère les avait paré. Souvenez-vous, dans la mythologie antique, on parlait du grand pouvoir qu’avaient ces créatures sur les hommes. On ne parlait pas de leur beauté, on parlait de la suavité de leurs voix… (suite et fin)
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