Désignant à la fois des aventures imaginaires et un récit de faits, les contes initiatiques présentent un certain nombre d’épreuves et d’obstacles qui se déroulent sur une longue période. Ils causent souvent des souffrances dont le personnage doit triompher et sortir « grandi ». Le protagoniste que nous suivons sort toujours transformé dans sa façon de penser et/ou d’agir. Depuis Voltaire, la tradition des contes initiatiques destinés à faire réfléchir perdure encore. Petit florilège de contes célèbres.
Contes initiatiques : 12 livres à connaître
Candide de Voltaire : précurseur
- « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin »
- Il faut cultiver notre jardin.
- Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. – Vous avez raison, dit Pangloss ; car quand l’homme fut mis dans le jardin d’Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillât : ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos.
- Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c’est le seul moyen de rendre la vie supportable. »
- Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup.
- Les hommes sont dévorés de plus d’envie, de soins, et d’inquiétudes, qu’une ville assiégée n’éprouve de fléaux.
- Ce qui n’est que difficile ne plaît point à la longue.
Le Petit Prince de Antoine de Saint-Exupéry : classique du genre
- « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent. »
- « Tu sais…quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil… »
- « Adieu dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
- La Terre n’est pas une planète quelconque ! On y compte cent onze rois (en n’oubliant pas, bien sûr, les rois nègres), sept mille géographes, neuf cent mille businessmen, sept millions et demi d’ivrognes, trois cent onze millions de vaniteux, c’est – à – dire environ deux milliards de grandes personnes. Certes aujourd’hui ces chiffres ne sont plus vrais mais je trouve que c’est une définition de la planète Terre bien originale.
L’alchimiste de Paulo Coelho : la vie est quête personnelle du bonheur
- « Mon coeur craint de souffrir, dit le jeune homme à l’alchimiste, une nuit qu’ils regardaient le ciel sans lune. Dis-lui que la crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même. Et qu’aucun n’a jamais souffert alors qu’il était à la poursuite de ses rêves. »
- «J’ai en moi les vents, les déserts, les océans, les étoiles, et tout ce qui a été créé dans l’Univers. Nous avons été faits par la même Main, et nous avons la même Âme. »
- « Il n’y a qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c’est la peur d’échouer. »
- «On est aimé parce qu’on est aimé. Aucune raison n’est nécessaire pour aimer. »
- « Le secret de la vie, cependant, est de tomber sept fois et de se lever huit fois. »
L’Histoire sans fin de Micheal Ende : sur l’importance de l’imagination, la confiance en soi
- « Qui n’a jamais passé tout un après-midi sur un livre, les oreilles en feu et les cheveux en bataille, à lire et lire encore, oublieux du monde alentour, insensible à la faim et au froid. Qui n’a jamais lu en cachette, sous la couverture, à la lueur d’une lampe de poche, parce qu’un père ou une mère ou quelque personne bien intentionnée avait éteint la lumière, dans l’idée louable que le moment était maintenant venu de dormir puisque demain il faudrait se lever tôt. Qui n’a jamais versé, ouvertement ou en secret, des larmes amères en voyant se terminer une merveilleuse histoire et en sachant qu’il allait falloir prendre congé des êtres avec lesquels on avait partagé tant d’aventures, que l’on aimait et admirait, pour qui l’on avait tremblé et espéré, et sans la compagnie desquels la vie allait paraître vide et dénuée de sens. »
- Qui n’a pas de passé n’a pas non plus d’avenir.
- Les hommes vivent d’idées. Et ces idées, on peut les orienter. Ce pouvoir, c’est la seule chose qui compte.
La rivière à l’envers de Jean-Claude Mourlevat : un peu comme l’alchimiste pour la littérature jeunesse
- L’histoire que voici se passe en un temps où l’on n’avait pas encore inventé le confort moderne. Les jeux télévisés n’existaient pas, ni les voitures avec airbags, ni les magasins à grande surface. On ne connaissait même pas les téléphones portables ! Mais il y avait déjà les arcs-en-ciel après la pluie, la confiture d’abricot avec des amandes dedans, les bains de minuit improvisés, enfin toutes ces choses qu’on continue à apprécier de nos jours. Il y avait aussi, hélas, les chagrins d’amour et le rhume des foins, contre lesquels on n’a toujours rien trouvé de vraiment efficace. Bref, c’était… autrefois.
- Alors Tomek fit deux choses choses en même temps. La première, ce fut de répondre : « Oui, je vends des sucres d’orge. » Et la seconde chose que fit Tomek, lui qui de toute sa vie ne s’était pas retourné trois fois sur une fille, ce fut de tomber amoureux de ce petit brin de femme, d’en tomber amoureux instantanément, complètement et définitivement.
- Seulement voilà, Tomek avait un secret. Oh, ce n’était rien de mal ni de tellement extraordinaire. Cela lui était venu avec tant de lenteur qu’il ne s’était aperçu de rien. Exactement comme les cheveux qui poussent sans qu’on s’en rende compte : un beau jour ils sont trop longs et voilà. Un beau jour donc, Tomek se retrouva avec cette pensée qui avait poussé à l’intérieur de sa tête au lieu de pousser dessus, et qu’on pouvait résumer ainsi : il s’ennuyait. Mieux que cela, il s’ennuyait…beaucoup. Il avait envie de partir, de voir le monde.
Le Voyage de Théo de Catherine Clément : en quête de spiritualité
- Je ne suis pas de ceux qui veulent interdire aux voitures de rouler le samedi, mais je connais le sens du septième jour. – Moi aussi. Il faut se reposer, voilà . – Non, mon petit, reprit-il doucement. Le septième jour est celui du vide. Tu t’arrêtes enfin. Tu ne fais rien. Ensuite seulement tu peux recommencer à faire. Car si tu fais tout le temps, dis-moi, est-ce une vie ? Le septième jour n’est pas le repos, c’est la fête du silence. L’alternance entre le monde et toi. Un creux nécessaire.
- Il y a deux manières de faire connaissance avec les religions. La première consiste à s’arrêter à ce que l’on voit de ses yeux. Alors on voit le pire et l’on est dégoûté. L’autre manière consiste à essayer d’en savoir davantage, pour comprendre le grain de vérité qui se cache sous les excès comme un bijou sous un tas de paille.
- Les séparations font toujours souffrir, mon grand. Elles creusent un vide à l’intérieur, et pour en comprendre les bienfaits, il faut du temps.
– Les bienfaits de la souffrance ? Et puis quoi encore ?
– Evidemment, c’est difficile à croire. Tu vas connaitre la tristesse et puis, un beau matin, le calme s’installera. Pour commencer, tu n’auras pas d’appétit, tu ne verras ni les arbres ni les fleurs jusqu’au jour où, sans savoir pourquoi, tu t’éveilleras remis à neuf. Tu regarderas autour de toi et tu t’apercevras que la vie continue et que, après avoir passé l’épreuve, tu es plus fort qu’avant.
Les Thanatonautes de Bernard Werber : sur la mort, le sens de la vie
- « N’importe qui pouvait prétendre s’être entretenu avec un ange et rapporter de là-haut son petit scoop en forme de coup de tonnerre. On annonça ainsi au petit journal télévisé qu’on avait retrouvé la trace d’Adolphe Hitler. Il aurait été réincarné en bonzaï. »- « Je considérai la chose et l’évidence me sauta aux yeux. La vie d’un bonzaï est un supplice permanent. On met une plante dans un pot trop petit pour elle et on coupe ensuite systématiquement toutes les excroissances. C’est la torture d’un végétal élevée au niveau d’un art. Sans eau, les membres sans cesse recoupés, sans place, sans air, sans nourriture, le bonzaï n’est que souffrance. Contraint à ne pas croître, l’arbuste reste à jamais nain, alors que tout ce qui vit sur cette terre dispose du plus élémentaire des droits qu’est celui de grandir. » – « Le plus subtil châtiment pour un abominable criminel de guerre, c’était bien de le réincarner en bonzaï japonais. »
- Etre méchant oblige à s’occuper des autres, à se soucier de leurs défenses, à imaginer des vacheries. Mais être gentil, ça permet de ne toucher ni d’être touché par personne. La gentillesse est juste un confort pour être tranquille.
L’Histoire de Pi de Yann Martel : spiritualité et survie
- Ce qui est élevé abaisse, et ce qui est bas élève. Je vous le dis, si vous étiez dans une situation désespérée comme celle où je me trouvais, vos pensées aussi s’élèveraient. Plus on est dans l’abîme, plus notre esprit veut s’envoler. Quoi de plus naturel que, démuni et désespéré comme je l’étais, livré à une souffrance implacable, je me sois tourné vers Dieu?
Si vous trébuchez sur la question de ce qui est crédible, à quoi sert la vie ? Est-ce que l’amour n’est pas difficile à croire ?
– Monsieur Patel …
– Laissez-moi tranquille avec votre politesse ! L’amour est difficile à croire, demandez à n’importe quel amoureux. La vie est difficile à croire, demandez à n’importe quel scientifique. Il est difficile de croire en Dieu, demandez à n’importe quel croyant. Quel est votre problème face à ce qui est difficile à croire ?
– Nous sommes tout simplement raisonnables.
– Et moi donc ! J’ai fait usage de ma raison à chaque instant. La raison est excellente pour se nourrir, se vêtir, se loger. La raison est la meilleure boîte à outils. Il n’y a rien comme la raison pour maintenir les tigres à distance. Mais si on est excessivement raisonnable, on risque de jeter tout l’univers par la fenêtre.
- Dans le métier, nous avons l’habitude de dire que l’animal le plus dangereux dans un zoo, c’est l’homme.
Les Sept Plumes de l’aigle de Henri Gougaud : conte sur le chamanisme
- Entrer dans l’âge adulte est une naissance. C’est un passage difficile. Beaucoup le refusent parce qu’ils ne veulent affronter ni la souffrance d’être seuls, ni la liberté d’inventer leur propre vie. Jusqu’à ta mort et même au delà tu devras grandir, grandir encore, devenir toujours plus adulte.
- Un jour j’ai poussé la porte où était inscrit : » diminue la douleur de la distance » et je suis entré dans le palais de la mémoire. Il y avait partout des livres vivants. Entre mille autres j’ai décidé d’explorer la douleur et l’absence de l’être aimé. il m’est aussitôt apparu que cette douleur était une maladie guérissable. je me suis aventuré plus avant dans la salle. Entre mille autres voix, j’ai entendu ceci : » plutôt que de t’enfermer dans le chagrin et l’indifférence, cultive la sensation que l’être aimé a laissées en toi, redonne vie, dans tes dedans, à la tendresse et à la douceur. Si tu revivifies ces instants de bonheur passés, si tu les aides à pousser, à s’épanouir, à envahir ton être, la distance peu à peu se réduira, la douleur peu à peu s’estompera. Tu peux recréer ce que l’oubli a usé «
Le Théorème du perroquet de Denis Guedj : chercher un sens par la science
- À propos, t’ai-je dit ce qui m’avait « accroché » à Pythagore? Il a inventé le mot amitié; le savais-tu? Comme on lui demandait ce que c’est qu’un ami, il répondit: « Celui qui est l’autre moi même, comme le sont 220 et 284. » Deux nombres sont « amis », ou « amiables », si chacun est la somme de tout ce qui mesure l’autre. Les deux nombres amis les plus célèbres du Panthéon pythagoricien sont 220 et 284. Ils font une belle paire. Vérifie-le, si tu as le temps. Et nous deux, sommes-nous des « amis »? Qu’est ce qui te mesure, Pierre? Et moi? Le temps est arrivé, peut-être, de faire la somme de ce qui nous a mesurés.
- Un nain assis sur la plus haute marche est plus haut qu’un géant dressé sur la plus basse.
- … depuis des siècles, le monde occidental s’est arrogé le pouvoir de nommer les choses pour l’humanité entière.
Malhorne : le trait d’union des mondes de Jérôme Camut : la réincarnation
- Malgré mes multiples expériences de ce moment, la mort réussit encore à me faire peur. Mon coeur battait la chamade et sans doute cela accéléra-t-il le processus. Le soleil disparut dans les brumes qui rasaient l’horizon. Mon cerveau enregistra cette dernière image mais ma vieille poitrine ne se soulevait plus. La vie passe ainsi. Les jours s’écoulent comme des grains de poussière à travers l’entonnoir du sablier. Au début, ils sont tellement nombreux qu’on s’imagine éternel. Alors, les gaspiller n’est rien. Et puis on prend de la bouteille et il est temps de s’apercevoir que la vie est précieuse ,que les jours sont comptés. Parfois, on se prend à regretter, mais il est déjà trop tard et tout retour devenu impossible. La carcasse s’étiole, comme les vents d’automne emportent les feuilles vers la morsure de l’hiver. On aspire au repos et la braise d’antan devient un piètre feu, qui couve à peine. Alors il temps de mourir.
Le Monde de Sophie de Jostein Gaarder : comprendre la philosophie
- « Honore le court printemps de la vie
Qui est à l’origine de toute chose sur terre !
Le plus infime connaitra lui aussi une résurrection,
Seules les formes se perdent.
Les générations engendrent de nouvelles générations,
Laissant s’épanouir l’humanité plus avant ;
L’espèce engendre l’espèce.
Pendant des millions d’années
Les mondes déclinent et renaissent.
Mêle toi à la jouissance de la vie, toi qui pus fleurir
En son printemps,
Savoure chaque instant comme un hommage de l’éternel
Offert à la condition des hommes ;
Apporte ta modeste contribution
Au tourbillon infini
Même faible et insignifiant,
Enivre-toi
De l’éternité de cette journée !
Bjornstjerne Bjornson »
Bonne lecture
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Originally posted 2016-08-18 10:32:23.