L’industrie du textile produit 20 % des eaux usées mondiales et 10 % des émissions de carbone, soit plus que l’ensemble des émissions produites par les vols internationaux. Elle est la deuxième industrie la plus polluante du monde, juste après celle du pétrole et devant celle de l’automobile.
Selon le PNUD, à ce rythme, le secteur de la mode utilisera plus d’un quart du budget carbone mondial d’ici 2050. Face à cette urgence environnementale, les matières respectueuses de l’environnement investissent progressivement la scène textile. Les vêtements portant le label écologique et équitable fleurissent sur le marché et se présentent comme une alternative crédible au modèle actuel.
Les fibres textiles : naturelles ou chimiques
Les fibres textiles se répartissent en deux catégories principales. D’une part, les fibres naturelles, qui peuvent être d’origine végétale comme le coton et le lin, ou animale comme la laine et la soie. D’autre part, les fibres chimiques, qui se divisent en fibres nécessitant la transformation de fibres naturelles comme la viscose, ou la transformation de produits chimiques comme le polyester obtenu à partir du pétrole, ou les chlorofibres issues du PVC.
L’ortie : un textile écologique aux multiples atouts
Depuis quelque temps, les fabricants de textiles redécouvrent les fibres végétales atypiques comme le chanvre, le lin ou l’ortie. Autrefois cantonnée à la fabrication du cordage, l’ortie présente une excellente alternative au coton dont la culture est particulièrement gourmande en eau.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il faut compter entre 5 000 et 17 000 litres d’eau pour produire un seul kilo de coton. La fabrication d’un jean nécessite environ 10 000 litres d’eau, dont un tiers pour la culture du coton, le reste intervenant dans les différents traitements comme le lavage ou la décoloration. Avec plus de 2 milliards de jeans vendus chaque année dans le monde, le chiffre devient vertigineux.
Une tradition textile millénaire
L’usage de l’ortie remonte au Moyen-âge. Outre son exploitation dans les cordages, elle servait dans certains pays comme la Pologne entre le 12e et le 17e siècle pour la fabrication de vêtements. Elle tombe progressivement en désuétude avec l’essor du coton et de la soie. Toutefois, en Himalaya, l’Urtica Parviflora continue d’être utilisée pour la fabrication des tissus, des cordages et du papier.
Les qualités écologiques de l’ortie
Aujourd’hui, les qualités écologiques de l’ortie intéressent à nouveau l’industrie textile. Sa culture, qui peut se substituer au coton ou du moins lui être associée pour en réduire la quantité, ne nécessite aucun produit polluant. La tige de l’ortie est naturelle, biodégradable, solide et légère. Sa fibre creuse présente des qualités remarquables en termes d’isolation thermique. Sa capacité à emprisonner l’air dans le tissu pourrait être exploitée pour créer une étoffe isolante idéale en hiver, comme pour obtenir un tissu frais pour l’été.
La ramie : la soie végétale venue de Chine
Connue depuis 6 000 ans, la ramie est une fibre textile étonnante, très résistante, réputée imputrescible et brillante. Ces qualités ont valu aux tissus qui en résultent le surnom de soie végétale. La ramie ou Boehmeria nivea est une plante textile de la famille des orties, principalement cultivée en Chine, au Brésil, aux Philippines, en Inde, en Corée du Sud et en Thaïlande.
Les fibres extraites se composent d’une cellulose de très haute qualité permettant la fabrication de papier et de tissu très résistants. Un fil de ramie ayant la grosseur d’un fil à coudre ne peut pas être cassé à la main. Les fibres sont longues et mesurent entre 50 et 250 mm.
En Chine, la ramie sert à fabriquer des tissus tandis qu’en Europe, elle permet de produire des toiles très fines, les filets de pêche, les fils de couture industriels et les tissus d’ameublement. Elle est fréquemment mélangée à d’autres fibres textiles plus courtes comme la laine.
Le Piñatex : quand l’ananas remplace le cuir
Sacs, vestes, ceintures, chaussures, portefeuilles… Le cuir est omniprésent dans notre garde-robe. Tantôt souple, tantôt rigide, mais toujours résistant, nous nous en passons difficilement. Pourtant, la fabrication en masse du cuir engendre un véritable désastre écologique.
Une alternative végétale révolutionnaire
Le Piñatex se présente comme une alternative végétale au cuir traditionnel. Il s’agit d’un textile écologique naturel et durable produit à base de fibres de feuilles d’ananas. Modulable, il peut servir à créer des sacs, des chaussures et des meubles.
Sa créatrice, Carmen Hijosa, designer espagnole de 62 ans, a développé ce matériau après un constat alarmant. Travaillant dans la manufacture de produits de luxe, elle effectue un voyage professionnel aux Philippines pour améliorer l’industrie du cuir local. Après avoir visité les tanneries et discuté avec les professionnels, elle réalise que le cuir n’était pas un produit durable.
Les dangers du cuir traditionnel
Très polluant, les peaux doivent subir de longs traitements impliquant de nombreux produits chimiques. Ces composants sont non seulement extrêmement polluants, mais provoquent aussi des allergies et peuvent être cancérigènes. Ces substances toxiques sont souvent déversées dans les fleuves et ruisseaux environnants, polluant les nappes phréatiques et mettant en danger les ouvriers qui les manipulent. La production de cuir présente également un grand gaspillage d’eau : le tannage d’un seul kilo de cuir nécessite 35 litres d’eau.
De la tradition philippine à l’innovation textile
En sillonnant les Philippines, Carmen Hijosa apprend que les fibres d’ananas sont utilisées dans la fabrication du costume traditionnel masculin local. La fibre de feuilles d’ananas présente de nombreuses qualités : elle est résistante, très douce et flexible.
À 57 ans, elle intègre le Royal College of Art de Londres, menant de front recherche et entrepreneuriat. Entourée d’une équipe de scientifiques, elle ressort à 61 ans avec un doctorat en poche et la recette du Piñatex, le cuir à base de feuilles d’ananas.
Vers une mode plus responsable
Ces innovations en matière de textile écologique montrent que l’industrie de la mode peut évoluer vers un modèle plus durable. L’ortie, la ramie et le Piñatex ne sont que quelques exemples des nombreuses alternatives qui émergent pour réduire l’impact environnemental de nos vêtements et accessoires. L’avenir de la mode responsable passe par ces matériaux innovants qui respectent à la fois l’environnement et les conditions de travail des producteurs.
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