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Le périple d’Hannon demeure l’une des plus fascinantes expéditions maritimes de l’Antiquité. Seul un fragment nous est parvenu de ce voyage légendaire, grâce à une traduction grecque de l’inscription gravée sur des plaques de bronze. Ces plaques étaient suspendues dans le grand temple du dieu Baal à Carthage. Par conséquent, nous disposons de la transcription du récit faite par le chef de l’expédition lui-même.

Cependant, le texte demeure certainement partiel. Les navigateurs carthaginois, après avoir franchi le détroit de Gibraltar, ont longé la côte occidentale de l’Afrique. Néanmoins, la question de savoir jusqu’où ils sont allés reste vivement controversée.

L’Expédition d’Hannon : Une Armada Impressionnante

Hannon, suffète de Carthage, dirigea une expédition d’envergure composée de 60 vaisseaux à 50 rames. Cette flotte transportait 30 000 personnes, incluant hommes, femmes, colons et matelots. Ainsi, avec l’aide des marins de Gadès et Lixus, Hannon fonda la première colonie carthaginoise sur la côte atlantique du Maroc.

Ensuite, l’expédition atteignit le cap Soloeis, probablement l’actuel cap Cantin. À cet endroit, Hannon érigea un temple pour honorer le dieu phénicien de la mer, dont le nom reste aujourd’hui inconnu.

L’Île Cerné : Un Mystère Géographique du Voyage d’Hannon

Le voyage se poursuivit vers le sud, où des marchands furent débarqués dans une île baptisée Cerné. Cette île aurait été le terminus de la route de l’or du Soudan. Par ailleurs, les anciens situaient cette île à l’extrémité occidentale du monde.

Les historiens et archéologues modernes ont tenté d’identifier cette île mystérieuse. Ils ont proposé plusieurs hypothèses : l’île d’Arguin sur la côte mauritanienne, l’île d’Herné dans la baie de Dakhla, l’île de Gorée, voire même Madère.

Toutefois, ces pistes semblent peu plausibles en raison de la présence limitée d’artefacts carthaginois le long du littoral sud marocain. Actuellement, les scientifiques tendent à identifier l’île Cerné aux îles Purpuraires, situées face à l’actuelle Essaouira. En effet, les Phéniciens y avaient fondé au 8e siècle av. J.-C. un comptoir pour le commerce du murex avec les populations locales. Ce mollusque permettait l’obtention de la teinture pourpre, très prisée dans le bassin méditerranéen pour colorer les étoffes précieuses.

Le Témoignage Direct du Navigateur Carthaginois

Le Périple d’Hannon rapporte : « Nous avons découvert au fond d’une espèce de golfe une petite île de cinq stades de tour. Nous l’avons colonisée, et nous l’avons nommée Cerné. Il y a aussi loin des Colonnes d’Hercule à cette île, que de Carthage aux Colonnes. »

Par la suite, l’expédition s’avança probablement jusqu’au fond du golfe de Guinée, marquant ainsi l’une des plus audacieuses explorations de l’Antiquité.

Commerce et Stratégies : L’Héritage Commercial d’Hannon

Les historiens étudient toujours ce récit avec un grand intérêt. Ils estiment que ce témoignage contient beaucoup de vérités, mais également qu’Hannon a volontairement embrouillé les pistes. Il a probablement inventé certains détails pour tromper les marins étrangers et impressionner ses contemporains.

Le Grec Hérodote décrit le commerce muet de l’or avec les populations des côtes atlantiques. Les Carthaginois débarquaient leurs marchandises sur le rivage, puis remontaient à bord de leurs navires. Ils allumaient ensuite des feux pour signaler leur arrivée.

Les populations locales venaient examiner la marchandise sans y toucher. Elles déposaient une certaine quantité d’or et s’éloignaient. Les Carthaginois ne se servaient que s’ils estimaient avoir reçu une quantité d’or équivalente au prix de leur marchandise. Hérodote conclut : « Ni les uns, ni les autres n’étaient malhonnêtes ».

Terres Interdites aux Grecs : La Stratégie du Secret

Les Carthaginois et avant eux les Phéniciens redoutaient la concurrence d’autres navigateurs dans leurs explorations audacieuses. Ils craignaient particulièrement leurs rivaux grecs, entreprenants et rusés.

Pour les décourager, ils répandaient dans les ports étrangers des récits extraordinaires et terrifiants. On retrouve d’ailleurs les traces de ces récits dans le poème d’Homère, L’Odyssée, qui raconte les aventures d’Ulysse. De plus, ils n’hésitaient pas à couler tout navire qui s’approchait trop près de leurs comptoirs.

Ainsi, l’expédition d’Hannon représente bien plus qu’un simple voyage d’exploration. Elle illustre la maîtrise maritime carthaginoise et révèle les stratégies commerciales sophistiquées de cette civilisation antique.


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Originally posted 2020-03-16 16:32:13.

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