L’engagement citoyen de Faten Abdelkefi n’est pas récent. Il remonte à plusieurs années en arrière, à l’époque où peu de gens osaient dire les choses, car avant de devenir fervente supportrice du Made In Tunisia, la fondatrice du mouvement Be Tounsi, était cyber-activiste. C’est vous dire le courage et le parcours atypique de cette dame passionnée par l’essence de notre tunisianité. Notre Interview…
Madame Faten Abdelkefi, parlez-nous un peu de votre parcours. Dites-nous quelle est la chose la plus importante ou la plus stimulante pour vous en ce moment.
Faten Abdelkefi, née le 6 juin 1967 à Bizerte. Après un parcours à la faculté des lettres et des sciences humaines de la Manouba, à l’institut national de formation continue, et au ministère de l’éducation nationale, je mets fin à ma carrière d’enseignante pour des raisons familiales. Mariée et mère de trois enfants, passionnée d’art, de lecture, de cinéma et de voyages. Membre actif de la société civile, co-fondatrice de plusieurs associations, fondatrice et initiatrice du «mouvement» Be Tounsi.
Qu’aimeriez-vous faire en ce moment si vous aviez accès à plus de ressources. Qu’entendez-vous accomplir d’ici 5 ans ?
Ce qui m’importe et me préoccupe le plus en ce moment, c’est l’avenir de mon pays, qui traverse depuis quelques temps des zones de turbulences. L’élan de solidarité entre tunisiens, suite aux inondations qui ont ravagé certaines régions du pays a été très stimulant pour moi. J’ai pu le constater lors de la collecte que notre association a organisé au profit des familles sinistrées du CapBon. Nous avons conduit deux caravanes. Le capital confiance, et l’adhésion totale des membres de notre communauté autour de notre action nous a énormément touchées. Les tunisiens ont montré encore une fois qu’ils étaient solidaires en toutes épreuves. Et la société civile a démontré sa force et son efficacité.
Parlez-nous des changements que Be-Tounsi a réussi à imposer concrètement, au-delà de l’engouement sincère pour le made in Tunisia?
Be Tounsi est une association qui a vu le jour il y a moins d’un an (2019). Ses ressources sont encore limitées. Mais si nous avions plus de moyens, nous mettrions en exécution des projets qui nous tiennent à cœur, comme les cycles de formation pour artisans, la mise en place d’un label Be Tounsi, et l’aide à l’exportation. L’un de nos rêves, qui sont nombreux d’ailleurs, est d’organiser une exposition internationale au sud de la Tunisie ou au nord-ouest où l’on inviterait nos meilleurs artisans, designers, artistes, créateurs, hôteliers, exportateurs et que cette méga exposition soit relayée par des médias internationaux, une sorte de festival international du Made in Tunisia.
Le «mouvement» Be Tounsi a été initié il y a moins de trois ans. Il a pourtant réussi à s’imposer en tant que tel dans le paysage de l’artisanat et du made in Tunisia, et dans le comportement des tunisiens au quotidien. En effet, arborer une touche tunisienne dans les tenues de tous les jours est devenu un must pour une grande partie des tunisiens et notamment des tunisiennes. Les membres de notre communauté qui s’agrandit de jour en jour se sont appropriés cette idée et en ont fait une revendication identitaire.
Aussi, en si peu de temps, Be Tounsi est devenu une véritable rampe de lancement pour les nouveaux talents, artisans, créateurs et jeunes designers. Mais le plus beau dans cette aventure, c’est ce sentiment de fierté et d’appartenance à une grande civilisation que nous avons réussi à insuffler à nos membres, en valorisant notre patrimoine, en allant dénicher pour eux, chaque jour, le BEAU là où il se trouve.
Y-a-t-il une personne et ou un événement qui vous ont influencé ? Parlez-nous de la personne que vous admirez le plus.
Si j’avais à choisir, dans les innombrables parcours de personnes qui m’ont influencée, je parlerai certainement de Samia Ben Khalifa. Plus connue sous le nom de Fella, la Coco Chanel de la Tunisie. Depuis toute petite, j’étais en admiration devant ses créations inspirées du patrimoine que j’ai pu voir dans la petite boutique de la place Pasteur, à chaque fois que l’occasion d’une visite se présentait.
Je n’ai malheureusement pas eu la chance de la côtoyer de près. Mais sa renommée à l’international, la beauté, le raffinement, et l’élégance des robes et caftans qu’elle créait et qui ont été portés par des célébrités m’en mettaient plein les Yeux. Fella était la pionnière dans ce qu’on appelle le traditionnel revisité. Une véritable école qui a par la suite inspiré nos plus grands créateurs. Le tout premier hommage fait sur le groupe Be Tounsi lui était réservé. Et les jeunes membres de la communauté ont pu ainsi la connaître et admirer son talent.
Que retenez-vous de votre parcours ?
Ce que je retiens de mon parcours? D’abord, que les plus grandes initiatives peuvent naître d’une idée toute simple. À condition qu’on y mette du cœur et du sérieux. Que notre patrimoine est unique. Il est tellement riche, tellement varié que chacun de nous peut y puiser selon ses goûts, ses moyens et ses préférences. Qu’il faut à tout prix le préserver. Que rien ni personne ne pourra «effacer» notre tunisianité et que Be Tounsi est devenu un mode de vie.
Le mot de la fin pour les personnes qui nous lisent (un conseil à donner peut-être ?)
Le mot de la fin? ? Consommez tunisien!
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Originally posted 2020-07-09 10:25:29.